Blottie dans les profondeurs

Mage d'Eau Nombre de messages : 28 Age : 33 Date d'inscription : 25/06/2006

Le jour se levait lentement sur le lac aux couleurs cristallines. Un azur éblouissant s’étendait devant la jeune Mage. Undomiel était là, posée devant cette immensité bleu pâle. Point bleu sur le sable blanc, elle pensait. Ses doigts parcourant les grains traçaient des formes incompréhensibles à tout autre qu’un alchimiste. Non pas qu’elle s’y connaissait elle-même mais que son maître, quand il ne l’initiait pas au combat ou ne l’aidait à contrôler son pouvoir, dessinait les mêmes symboles sur les murs de son ateliers ou sur les parchemins qu’il grattait aux heures tardives de la nuit. Et là, le regard pâle de la Nymphe qu’il croyait endormie scrutait son instructeur à travers l’entrebâillement de la porte, posant ses mains sur la grande porte de bois, l’observant pendant des heures couché sur sa feuille, attablé à son travail et quelques fois, se levant et ajoutant quelques détails aux dessins de craie blanche s’apposant sur la pierre noire ébène.

Un jour qu’il l’avait vu, il lui avait montré l’étendue de l’alchimie, transformant pour elle, un simple bloc de jade en un bijou étincelant. « Le principe de l’équivalence » disait-il inlassablement. Et là, il lui apprenait que toute chose méritait sacrifice, que son pouvoir se développerait après des années de travail, de sueur, de sang et du sable sur lequel il l’envoyait souvent, rabaissant sa fierté, accumulant sa rage. Jusque là, elle ne l’avait encore jamais battu. Et pourtant, elle y avait mit toute son énergie, et elle-même avait douté nombreuses fois d’elle. Cette guerre, à quel prix pourrait-ils la gagner. Combien de vies devrait-elle faire taire, combien d’entailles devrait-elle supporter dans sa chair, combien de supplices la mettrait à l’épreuve.

Sur ses pensées obscures, son regard s’était terni, et, lentement, elle se leva pour aller caresser le flux de l’eau qu’elle idolâtrait tant. Du bout des ongles, elle sentait la fraîcheur s’introduire à travers elle, cette fraîcheur qu’elle appréciait tant, pouvoir de l’eau se mélangeant à celui de la glace. Et, posant un de ses pieds nus sur l’eau, sur la surface aqueuse qui entourait sa peau, elle rentra lentement dans le lac aux couleurs spectaculaires. L’iris de son regard semblait s’agrandir à la vue de l’immensité qui s’offrait à elle.

Doucement, se penchant au dessus de l’eau, elle observa son reflet quelques secondes avant de passer sa main dessus, créant une multitude d’ondes successives. Une, puis deux, et toute une foule suivait. Fallait-il que quelqu’un lance le premier pas pour qu’un événement s’enchaîne ? Cette personne serait-elle considérait comme un leader ou un trouble faite ? Tout dépendait du contexte… Malgré elle, elle passa sa main sur les poignards qui ceinturaient ses cuisses, caressant la poignée qu’elle rêvait de sortir. Et, à ce moment, la taille dans l’eau, elle détacha ses cheveux et ôta ses bijoux, son collier, ses bracelets cliquetant et, levant son pied détachant les anneaux à sa cheville qui tintaient le son de ses pas. Puis, les posant près d’un rocher, elle revint au centre de l’eau, et se concentrant, fit apparaître au creux de sa main une poignée de givre. Lentement en découla une lame transparente.

Emerveillée par son épée de glace, elle passa son index dessus, effleurant le côté de sa lame se tranchant légèrement. Une goutte de sang apparu, douce oxymore à sa peau d’une blancheur ivoirienne. Elle était fine et légère, mais dure et tranchante… Un peu comme Undomiel qui au fil des années, s’était adaptée à son élément. D’une froideur apparente, on aurait pu dire que la jeune femme était un faux glaçon cachant un vrai volcan. Allusion ironique. Là, oubliant tous ses tracas, elle se mit à jouer de quelques mouvements, imaginant son professeur en face d’elle.

D’un mouvement de poignet, une légère gerbe d’eau jaillit en face d’elle, qu’elle trancha d’un coup d’épée avant que celle-ci ne s’écoule à nouveau dans l'immensité transparente. Le temps paraissait s’effiler, continuer sa route au fil des arabesques qu’effectuait la Nymphe. Puis, posant son épée sur la même roche, elle se laissa couler dans l’eau jusqu’au épaules, profitant du contact glacé pour se revitaliser. Là, elle sombra, plongeant sa tête atteignant les vapeurs sous marines. Battant des jambes pour avancer au fond de l’eau, les algues vertes caressant sa peau frêle, elle profita de son pouvoir pour rester quelques minutes ainsi, ses yeux d’un opalin convenant à l’endroit, scrutant chaque parcelle des lieux pour y découvrir un quelconque coquillage.

Et il s’écoulait ce temps, meurtrier ou précieux, lent ou trop rapide, tristesse des uns, bonheur des autres car d’ailleurs dans ce monde, tout était bien principe d’équivalence comme le disait si bien l’expression « Le malheur des uns fait le bonheur des autres… ». Aussi, il faudrait qu’une cité soit anéantie pour que l’autre survive. Mais était-ce aussi simple ? Beaucoup d’autres facteurs rentraient en jeu, entre autre l’humanité de chacun. Seraient-ils capable de tuer aussi machinalement que ce qu’on leur enseignait ? Cruauté ou survie…

Elle remonta à la surface sur cette pensée, près de son épée qu’elle cherchait des yeux, quand tout à coup, un bruit se fit entendre. Sur ses gardes, elle plissa les yeux pour chercher du regard la source sonore.

Il ne cherchait pas l'exil, mais la solitude l'appelait à lui.
Devoir ne pas s'attacher pour survivre, ainsi vivent la plupart des Anges déchus. Ils savent tous qu'un jour la mort frappera les humains. Même les elfes, vénérables parmis les vénérables, meurent un jour. Et il fallait avouer que ce n'était pas dans sa nature d'aimer ou d'apprécier.
Et puis, cela était trop complexe à expliquer.
Mais ce qui est sur, c'est qu'à l'état d'ange ou de déchu, le ciel appelait toujours les Ailés comme l'alcool appelle les ivrognes. On ne peut pas faire la sourdes oreilles longtemps à une voix qui nous vient du coeur et de l'esprit. L'air, les nuages, l'immensité céleste des Cieux tiraillent la conscience des Ailés comme autant de petites aiguilles qui harponnent leur chair. Ils ne leur restent plus d'autres choix que d'écouter ces voix, au risque de devenir fou ou pire.

Et il s'étaient envolé. Il ne pouvait réellement rien faire d'autre si ce n'est s'accorder qu'un peu de plaisir. Il était alors monté au sommet de cette prison de pierre et d'acier. On n'entendait pas les mugissements des condamners. A ses oreilles, seul le vent mugissait. Il avait prit son appuie et s'était laissé tomber. Longtemps, longtemps, longtemps. Ses sens étaient confus par les informations qu'ils captaient. N'y avait que cet instinct, cet instinct millénaire qui pouvait l'empêcher de chuter vers la mort. Il ouvrit ses ailes, se détachant de la gravité pour monter vers les nuages, frôler de ses doigts opalin l'aspect cotonneux du ciel. Les yeux fermés, il vola longtemps, invisible aux terriens.

Il a des moments où l'on ne sait plus rien, ne voit plus rien, nous demandons où nous sommes. Cela arrive souvent au milieu de la nuit, lord d'un réveil brutal. Mais, pour un être qui jamais ne dort, cela doit se faire éveillé. Et il ouvrit les yeux au dessus d'une grande étendue d'eau.

Il l'observa un instant, frappé par l'éclat scintillant du solil sur ses eaux. Puis, un éclat encore plus bleu lattira. Il se posa, ombre silencieuse, sur les sommet d'un ammoncellement de rochers et croisa les jambes en tailleur pour admirer cet être aquatique.
L'écchymose de son regard frôla comme une crasse son corps sublime, sa chevelure qui, tel une oriflamme volait autour de son corps. Il l'observa sortir, s'approchant de ses bijoux et autres bracelets disposés autour d'une épée de givre. Observer comme cela, ce n'était pas dans sa nature. Mais, pourtant, là, dans ces courbes, ses yeux semblaient reconnaitre une visage, une odeur, une saveur...

La Mage se trouvait devant lui et, étonné comme rare le sont les anges, il sursauta...

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